Législatives: la gauche joue l'union, Les Républicains devant la justice
Le député du parti de gauche LFI François Ruffin s'adresse à la foule au début de sa campagne pour les prochaines élections législatives à Amiens, dans le nord de la France, le 12 juin 2024. (Photo FRANCOIS NASCIMBENI / AFP)
(AFP) - La gauche va dévoiler vendredi le programme commun du "Nouveau Front Populaire" pour les législatives, affichant son unité, loin des fractures des Républicains où un nouveau bureau politique a validé l'exclusion d'Eric Ciotti qui conteste cette décision devant la justice.
Ce programme de "rupture", qui sera présenté à midi à la Maison de la chimie à Paris, a été bouclé jeudi soir à l'issue de quatre jours d'intenses tractations.
Indexation des salaires sur l'inflation, hausse du Smic, abrogation des réformes de l'assurance chômage: le texte comprend une centaine de mesures et affirmera "un soutien indéfectible à la résistance ukrainienne", selon l'eurodéputée LFI Manon Aubry sur franceinfo.
Les leaders de gauche ont multiplié les superlatifs pour saluer l'accord un "événement politique considérable en France", "une page de l'Histoire".
Et, après s'être muré pendant plusieurs jours dans le silence, Raphaël Glucksmann, qui a eu de profondes divergences avec LFI pendant la campagne, a indiqué sur France Inter soutenir ce "Nouveau Front Populaire", "la seule manière" d'empêcher la victoire du Rassemblement national aux législatives.
L'eurodéputé a voulu rassuré ses partisans, affirmant que Jean-Luc Mélenchon, en cas de victoire de la gauche, "ne sera pas" Premier ministre car "il faut une personne qui fasse consensus". Il a assuré avoir "obtenu" des "engagements extrêmement clairs" sur l'Ukraine, l'Europe et le conflit israélo-palestinien.
Huit mois après l'implosion de la Nupes, l'accord détaille aussi des candidatures uniques et un partage des circonscriptions: 229 pour LFI, 175 pour le PS, 92 pour les Ecologistes et 50 pour les communistes.
Un paysage loin des fractures chez LR, sur lesquelles la justice va être amenée à se pencher. Le tribunal judiciaire de Paris examine à 11H00 le recours d'Eric Ciotti contre son exclusion des Républicains après son ralliement au Rassemblement national.
Les ténors des Républicains se sont à nouveau réunis en visio, tôt vendredi matin, pour valider formellement l'éviction de leur président prononcée mercredi.
De son côté, le président du RN, Jordan Bardella, a annoncé vendredi sur BFMTV "un candidat commun" avec LR "dans 70 circonscriptions" aux législatives, saluant un "accord historique".
- Et les JO ? -
Marine Le Pen et Jordan Bardella ont déjeuné avec leur nouvelle prise de guerre, Eric Ciotti, jeudi.
Les deux responsables d'extrême droite vont faire campagne sur le terrain vendredi, Marine Le Pen dans son fief d'Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) pour une déambulation sur le marché le matin, et Jordan Bardella dans une exploitation agricole dans le Loiret, l'après-midi.
Du côté de la majorité présidentielle, le Premier ministre Gabriel Attal poursuit lui aussi sa campagne. Après Boulogne-sur-Mer, dans le Pas-de-Calais, il devrait se rendre sur les chantiers de Saint-Nazaire et à Nantes, pour un déplacement consacré à l'économie et aux entreprises, avec dans le viseur RN et LFI.
Jeudi, il a fustigé "l'accord de la honte" à gauche. Les électeurs "de Raphaël Glucksmann doivent se sentir tellement trahis, ils ont entendu pendant toute la campagne" des européennes que c'était "fini avec Jean-Luc Mélenchon", a-t-il martelé.
En marge du G7 en Italie, Emmanuel Macron a convoqué pour sa part un autre argument, l'approche des Jeux olympiques de Paris du 26 juillet au 11 août.
Les Français vont "intégrer les Jeux olympiques" de Paris "dans leurs choix" aux législatives anticipées, a-t-il assuré. "Je pense qu'ils n'ont pas envie d'avoir des Jeux olympiques qui se présentent mal", et voudront des responsables "qui ont préparé ces Jeux" et "pas des gens qui ne sont pas prêts du tout", a ajouté le chef de l'Etat, en visant implicitement le Rassemblement national.
Il ne "croit pas", par ailleurs, être affaibli à l'international malgré la menace d'une cohabitation avec l'extrême droite.
"Mes interlocuteurs" du G7 "sont tous des élus démocratiques. Ils ont tous dit: +C'est courageux+", a-t-il affirmé devant des journalistes, à propos de la dissolution de l'Assemblée nationale et de ces élections législatives à hauts risques les 30 juin et 7 juillet.
Un désaccord de plus avec son prédécesseur socialiste François Hollande, qui a considéré jeudi soir sur TF1 que la décision de dissoudre l'Assemblée nationale "intervient au pire moment et dans les pires circonstances".
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