Cyclone Chido: les autorités françaises au secours de Mayotte
Cette photographie montre un bâtiment détruit après le passage du cyclone Chido sur le territoire français de Mayotte dans l'océan Indien, le 14 décembre 2024 dans la capitale Mamoudzou. (Photo par Daniel MOUHAMADI / AFP)
(AFP) - Une course contre la montre est engagée pour venir en aide à Mayotte, archipel français de l'océan Indien où les autorités redoutent un bilan de "plusieurs centaines de morts" après les dévastations du cyclone Chido qui a relativement épargné les Comores voisines.
Avant une réunion de crise lundi soir autour du président Emmanuel Macron, trois membres du gouvernement Bruno Retailleau (Intérieur), François-Noël Buffet (Outre-mer) et Thani Mohamed Soilihi (Francophonie) ont atterri sur l'île où l'eau et la nourriture manquent.
Beaucoup de routes sont impraticables, les télécommunications interrompues, compliquant la situation alors qu'à Paris, la France, en pleine crise politique, attend un nouveau gouvernement.
Chido, qui a poursuivi sa course sur le nord du Mozambique tout en perdant de la puissance, est le cyclone le plus destructeur à Mayotte depuis 90 ans.
Les cyclones se développent habituellement dans l'océan Indien de novembre à mars, mais cette année, les eaux de surface étaient proches de 30°C dans la zone, ce qui fournit plus d'énergie aux tempêtes, un phénomène de réchauffement climatique observé également cet automne dans l'Atlantique Nord et dans le Pacifique.
Mais Chido est surtout "exceptionnel" car l'oeil du cyclone a frappé directement le petit archipel, explique à l'AFP François Gourand, prévisionniste à Météo-France.
"Tous les bidonvilles sont couchés, ce qui laisse augurer un nombre considérables de victimes", a indiqué auprès de l'AFP une source proche des autorités.
Mayotte compte officiellement 320.000 habitants "mais on estime qu'il y a 100.000 à 200.000 personnes de plus, compte tenu de l'immigration illégale", a ajouté cette source et peu d'habitants en situation irrégulière ont rejoint les abris prévus "sans doute de peur d'être contrôlés".
Ils ont pensé "que ce serait un piège qu'on leur tendait (...) pour les ramasser et les conduire hors des frontières", selon un ex-infirmier, Ousseni Balahachi.
- "Carnage" -
Cases anéanties, toits en tôle envolés, poteaux électriques à terre, arbres arrachés : les habitants, qui sont restés confinés pendant le passage du cyclone, ont découvert dimanche, sidérés, des scènes de chaos.
"C'est un carnage. Le tribunal, la préfecture, beaucoup de services, de commerces, des écoles sont à terre", a décrit à l'AFP Ousseni Balahachi, un infirmier à la retraite, depuis Mamoudzou, le centre administratif de Mayotte.
La tour de contrôle de l'aéroport de Mayotte-Dzaoudzi a subi de gros dégâts, et la reprise des vols commerciaux n'est pas envisagée avant "au mieux dix jours", a indiqué lundi à l'AFP une source préfectorale.
Aux Comores où l'alerte rouge au cyclone avait aussi été déclenchée, les dégâts sont mineurs même si l'agriculture est très impactée. "Toutes les bananeraies d’Anjouan et Mohéli ont été mises à terre, faisant craindre le pire pour la suite", selon la direction générale de la société civile.
- "Faim et soif" -
A Mayotte, la France prévoit de déployer un hôpital de campagne, après que l'hôpital de Mayotte a été "très endommagé" et plusieurs centres médicaux rendus "inopérants", selon la ministre de la Santé Geneviève Darrieussecq.
"L'hôpital a subi des dégâts des eaux importants, ainsi que des dégradations, notamment dans la partie chirurgie, réanimation, urgence, maternité donc des parties essentielles du fonctionnement de l'hôpital (...) malgré cela il continue de tourner de façon dégradée", a-t-elle dit sur France 2.
Un pont aérien et maritime est organisé depuis dimanche depuis un autre territoire français situé dans l'océan Indien, l'île de La Réunion, à 1.400 kilomètres de Mayotte à vol d'oiseau.
Un total de 800 personnels de la sécurité civile, qui dispose d'un avion Dash, sont envoyés en renfort, avec l'hôpital de campagne et du matériel de transmission par satellite.
Le dispositif de soutien s'appuie en outre sur trois avions et deux navires militaires, selon l'état-major des armées.
Les secouristes s'attendent à trouver de nombreuses victimes dans les décombres des bidonvilles très peuplés, notamment dans les hauteurs de Mamoudzou, a dit le maire de la ville, Ambdilwahedou Soumaila.
De nombreux sinistrés ont rejoint dimanche les centres d'hébergement, a rapporté Salama Ramia, sénatrice de Mayotte. "Mais il n'y a malheureusement pas d'eau, pas d'électricité, la faim commence à monter", s'est alarmée l'élue auprès de la chaîne BFMTV.
"Certains de mes voisins ont déjà faim et soif", a aussi observé Lucas Duchaufour, un kinésithérapeute de Labattoir, où les arbres fruitiers, comme les manguiers, ont été déracinés.
Des habitants évoquent un climat d'insécurité, avec des scènes de pillages dans la zone industrielle de Kawéni à Mamoudzou, comme l'a rapporté à l'AFP Frédéric Bélanger, 52 ans.
"On a peur de se faire agresser, de se faire piller", a confié à BMFTV Océane, infirmière, malgré la mobilisation selon la préfecture de 1.600 policiers et gendarmes notamment pour "éviter les pillages".
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a assuré que l'UE était prête à aider la France "dans les jours à venir".
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