Macron invité d'honneur du défilé militaire à New Delhi
Le contingent de l'armée indienne défile lors de la 75e parade du Jour de la République à New Delhi, le 26 janvier 2024. (Photo Money SHARMA / AFP)
(AFP) - Chars, avions de chasse, lance-missiles et régiments en grand uniforme: le président français Emmanuel Macron a assisté vendredi à une démonstration de force de l'armée indienne lors d'un défilé militaire haut en couleur à New Delhi.
Le chef de l'Etat était l'invité d'honneur du Premier ministre Narendra Modi et homme fort de l'Inde pour la fête de la Constitution indienne, entrée en vigueur le 26 janvier 1950, deux ans après l'indépendance.
Les deux dirigeants ont assisté à la parade côte-à-côte depuis la tribune d'honneur dans un cérémonial mêlant tradition de l'Empire britannique et symboles de l'Inde contemporaine.
Emmanuel Macron a remonté la grande avenue de parade conduisant à l'India Gate, l'Arc-de-Triomphe indien, dans un carosse tiré par six chevaux et emmené par un détachement de cavalerie en grand apparat.
Après le coup d'envoi du défilé, au son de l'hymne indien et de 21 coups de canon, 150 légionnaires français, célèbres pour leur pas très cadencé, ont ouvert les festivités, suivis d'un survol de deux chasseurs Rafale français.
Sous un soleil contrarié par un voile de pollution, chars russes T-90, cavalerie à dos de chameau, infanterie, marins et aviateurs se sont succédé sur un pas très martial.
- Coopération militaire -
Chasseurs Soukhoï-30 et Tejas "made in India" ponctueront le défilé, symbole d'une armée indienne encore largement équipée par du matériel russe mais soucieuse de diversifier ses approvisionnements et de multiplier ses armements locaux.
Les femmes étaient aussi à l'honneur cette année dans les régiments qui défilaient et les chars fleuris vantant les mérites des 28 Etats de la Fédération d'Inde.
Loin de Paris, Emmanuel Macron continue toutefois de suivre la grogne des agriculteurs qui menacent de bloquer la France. Le chef de l'Etat a aussi réagi jeudi soir à l'invalidation d'une partie de la loi contestée sur l'immigration par le Conseil constitutionnel.
Narendra Modi, qui avait été l'invité d'honneur pour le défilé militaire du 14 juillet à Paris, lui rend la pareille six mois plus tard alors que le partenariat industriel et militaire s'intensifie entre les deux pays.
Le dirigeant nationaliste hindou, déterminé à afficher la puissance indienne sur la scène internationale, avait d'abord invité le président américain Joe Biden, qui n'a finalement pas donné suite sur fond de tensions après un projet d'assassinat d'un séparatiste sikh à New York.
La France lorgne de nouveaux contrats militaires avec l'Inde, dont le premier fournisseur d'armements reste la Russie mais qui, soucieuse de son autonomie stratégique, continue à diversifier ses acquisitions. Elle espère aussi lui vendre six réacteurs nucléaires EPR.
L'Inde a déjà acheté 36 Rafale français pour son armée de l'Air et est en négociation pour en acquérir 26 autres pour sa Marine. Elle souhaite aussi consolider sa base industrielle de défense à travers des coentreprises avec des groupes français, de Dassault au missilier MBDA.
- Articles "malveillants" -
Le président Macron fera aussi la promotion de la France auprès des investisseurs indiens, encore peu présents dans ce pays, avant de s'adresser à la communauté française, l'occasion peut-être de revenir sur la situation politique et sociale en France.
Jeudi, Narendra Modi avait déjà sorti le grand jeu en invitant son hôte à parader dans les rues de Jaipur, capitale de l'Etat du Rajasthan, devant des dizaines de milliers d'Indiens en liesse scandant surtout "Modi, Modi".
A la fois première puissance démographique (1,43 milliard d'habitants) et cinquième économie mondiale, l'Inde est un poids lourd incontournable et de plus en plus courtisé.
La France entend de son côté être un acteur de la zone Asie-Pacifique et une puissance d'équilibre entre le Nord et le Sud.
Mais en s'affichant au côté du Premier ministre indien, le président Macron se retrouve aussi montré du doigt par les organisations de défense des droits humains qui dénoncent les dérives autoritaires du régime indien et la répression des minorités religieuses, notamment des musulmans.
Le cas de la journaliste française Vanessa Dougnac, menacée d'expulsion pour des articles jugés "malveillants", s'est aussi invité dans la visite. Le nouveau ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné devait s'entretenir du sujet avec son homologue indien.
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