La conformité ITIE va attirer des investisseurs de pétrole aux Seychelles et prévenir la corruption, a déclaré une experte de la Banque mondiale
Ilhem Salamon, experte confirmée en pétrole et en gaz, qui travaille pour la Banque mondiale, a expliqué aux journalistes des Seychelles les avantages et les limites de l’initiative relative à la transparence des industries extractives (ITIE) (métissage Seychelles)
(Seychelles News Agency) - Le processus de conformité à l’initiative relative à la transparence des industries extractives (ITIE) de la Banque Mondiale rendra l'archipel de l'océan Indien plus visible aux investisseurs potentiels de pétrole et de gaz et préviendra la corruption.
Ceci est le point de vue d’Ilhem Salamon, une experte confirmée en pétrole et en gaz à la Banque mondiale.
Cette dernière a été impliquée dans le processus de mise en conformité des Seychelles depuis que la nation insulaire a été acceptée comme membre mettant en œuvre les normes ITIE, au mois d’août de l’année dernière.
Salamon et son collègue Gaël Gregoire, un responsable des politiques sociales et environnementales, du département de la gouvernance de la Société financière internationale (SFI), une filiale de la Banque mondiale, se sont réunis avec les membres de la presse locale la semaine dernière pour répondre aux questions relatives au processus ITIE.
Les Seychelles rejoignent les 45 autres pays membres de l'ITIE à travers le monde qui sont tenus de révéler de manière exhaustive, les recettes provenant des industries extractives et les efforts déployés pour améliorer la responsabilité en matière d'exploitation de pétrole, de gaz et de minéraux.
Les Seychelles sont tenues de publier leur premier rapport annuel ITIE d’ici le 6 février 2016 dans lequel seront dévoilés toutes les recettes et les paiements reçus des compagnies pétrolières jusqu'à présent.
Bien qu'aucun hydrocarbure ne soit actuellement extrait des profondeurs des eaux de la vaste zone économique exclusive (ZEE) de l'archipel, trois sociétés effectuent actuellement des explorations pétrolières, et deux autres entreprises demandent des licences d’exploration.
Améliorer la visibilité pour les investisseurs potentiels
Malgré l'incertitude sur l'avenir de l'industrie de l'extraction mondiale de pétrole, la chute des prix du pétrole et la hausse des demandes pour le désinvestissement des combustibles fossiles, Salamon rejette l’idée que la mise en œuvre du processus ITIE aux Seychelles pourrait être un exercice futile.
« La première chose importante avec l'ITIE c’est qu'elle ouvre véritablement un dialogue, et ce que nous voyons c’est qu'il pourrait y avoir davantage d’industries extractives et pas seulement l'exploration pétrolière, et vous voudrez peut-être ajouter d'autres industries extractives en plus du pétrole, vous voudrez sans doute inclure la pêche, » a-t-elle expliqué.
Une carte montrant les licences d’explorations actuelles et les zones couvertes par les nouvelles demandes d’exploration (PetroSeychelles) Photo License: CC-BY |
Est-ce qu’il devrait n’y avoir aucune découverte de gisements pétroliers commercialement rentables aux Seychelles, ou si le prix du pétrole chute à un tel point que les prospecteurs soient obligés de se retirer, Salamon a déclaré que pour autant les fonds utilisés pour mettre en place l'ITIE ont été jusqu'à maintenant couvert en grande partie par une subvention de 200.000 $ accordée par la Banque mondiale, et elle a ajouté que pendant que les Seychelles sont encore à la phase exploratoire, c’était encore le bon moment pour mettre en œuvre la norme.
«L’ITIE peut également être utilisée pour attirer des investisseurs privés, » dit-elle. « Je peux imaginer que si j’étais une grande compagnie pétrolière, la seule perspective de faire du développement pétrolier aux Seychelles serait effrayante, parce que vous ne savez pas à quel point vous allez devoir faire face à l’opposition de la société civile, vous ne savez pas si leur position va être rationnelle ou irrationnelle ».
« Je pense que l'ITIE peut être utilisée par le gouvernement comme un moyen de rationaliser le débat, énoncer le risque et obtenir un consensus sur le type de risque que le pays est prêt à prendre pour une nouvelle source de revenus, et quel type de risque le pays ne veut pas prendre pour des revenus issus du pétrole. »
Salamon a ajouté que l'utilisation de l'ITIE pour rechercher de bons investisseurs dans le secteur pétrolier a été utilisée par de nombreux pays d'Europe de l'Est et d’Amérique latine.
« Nous ne pouvons pas nous prononcer sur l'avenir du développement pétrolier, mais nous pensons que le gouvernement prend la bonne décision en s’engageant et en mettant en place le système dès le départ, parce que dans beaucoup de pays, le développement pétrolier se révèle très difficile à gérer, et n'a pas entraîné de véritable croissance économique, » a-t-elle poursuivi.
90 grandes sociétés de pétrole et de gaz sont membres de l'ITIE. Selon Salamon c’est parce que c’est plus simple pour eux de prendre une décision d'opérer dans un pays qui a déjà une plate-forme avec toutes les parties prenantes concernées pour engager le dialogue et la négociation ainsi qu’un livret avec toutes les lois, règlements et les exigences fixées par chaque pays membre.
« La même chose s’appliquerait à tous les règlements environnementaux de qualité parce que les entreprises savent à quoi s’attendre, et quel genre de performance ils peuvent s’attendre avant même de venir dans le pays quand ils regardent la législation ou les règlementations basées sur nos directives en matière d’environnement de santé et de sécurité,qui reposent sur un grand nombre de normes internationales, il n'y a pas de bonnes ou de mauvaises surprises, » a déclaré Grégoire. « Ils savent que ce que nous demandons est tout à fait censé à la fois pour eux et pour l'environnement, c’est donc également rassurant pour eux. »
Gaël Gregoire écoute la présentation de sa collègue Ilhem Salamon devant les membres de la presse locale, la semaine dernière. (Metissage Seychelles) Photo License: CC-BY |
Renforcer la voix de la société civile
Lorsque les organisations de la société civile (OSC) aux Seychelles a rencontré les groupes multipartites de l’ITIE de Tanzanie et du Timor Oriental en septembre, des demandes ont été faites de mettre davantage l'accent sur les risques environnementaux de l'exploration et de l'extraction de pétrole dans le processus ITIE, et Salamon a déclaré que le groupe multipartite des Seychelles envisage maintenant d’inclure un rapport environnemental dans le processus ITIE.
« L'ITIE va au-delà d'une simple norme, c’est vraiment un processus et l'importance de donner une voix aux OSC, et de fournir une formation aux OSC pour qu'ils sachent ce qu’ils recherchent... et où ils peuvent intervenir est fondamentale pour la conformité du processus ITIE, a-t-elle déclaré.
***Salamon a ajouté que dans l'évaluation de la conformité des Seychelles à la norme mondiale, l’importance que le gouvernement accorde à donner une voix à la société civile à travers le groupe multipartite serait « soigneusement analysé et évalué » contre la norme internationale.
« Je pense que l'ITIEa accordé une participation accrue des OSC dans des pays dans lesquels vous n’auriez pas escompté obtenir de voix, donc je suis plutôt optimiste concernant les Seychelles, cela devrait aboutir à un résultat également très positif, » a-t-elle déclaré.
Elle a ajouté : « depuis que le Groupe Multipartite envisage l'idée d'inclure une déclaration obligatoire sur l'impact environnemental de l'exploitation du pétrole, ils (le ministère de l'Environnement) ont été invités à réfléchir à quels seraient les meilleurs indicateurs à inclure dans un rapport de ce type et quand, »
Un coup de maindans la lutte contrela corruption
Salamon a souligné que les rapports de l'ITIE pourraient aider à détecter la corruption, comme ce fut le cas au Nigeria, qui est l'un des plus grands producteurs de pétrole d'Afrique. En 2012-2013, dans le rapport ITIEdu Nigeria, le Groupe Multipartite avait découvert que le gouvernement avais omis de déclarer des revenus pétroliers versés par des compagnies pétrolières à hauteur d’environ 20 millions de dollars.
Le Nigeria et les Seychelles n’ont pas grand-chose en commun, mais ce qui est commun à tous les pays membres c’est la réelle volonté d'aller de l'avant, d'identifier les problèmes et de les résoudre, » a déclaré Salamon.
Mais elle a prévenu que la norme ne résoudrait pas toutes les formes de corruption de l'industrie pétrolière.
« L'ITIE est une exigence minimale, ça ne va pas faire disparaître la corruption, il existe dans ce monde de nombreuses façons de faire de la corruption, mais au moins elle ne permet pas à la corruption d’être évidente ou de se généraliser, » a-t-elle déclaré.
« Devenir membre de l'ITIE ne signifie pas que si vous êtes un pays avec d'énormes défis, que vos défis vont disparaître du jour au lendemain, mais cela signifie que, et j’ai entendu cela d’un de nos pays mettant en œuvre l’ITIE, que « nous vivons avec la corruption mais nous allons lutter contre la corruption et ceci est notre combat quotidien. »