Une ONG va militer pour que l’industrie de la pêche contribue au nettoyage des DCP échoués dans les eaux des Seychelles
Les DCP restent coincés sur les récifs...les filets deviennent de plus en plus empêtrés et glissent sur le corail (Tony Jupiter, ICS Seychelles)
(Seychelles News Agency) - Après avoir mené une bataille contre les impacts croissants des dispositifs de concentration de poisson, la Island Conservation Society (ICS) va demander à la Commission des thons de l'Océan Indien (CTOI) de chercher des solutions pour financer les opérations de nettoyage pour les îles de l'archipel des Seychelles.
Une équipe petite du ICS, travaille sur l'atoll d'Alphonse à distance, à 400 kilomètres au sud-ouest de l'île principale de Mahé, pour protéger et conserver cette l'île corallienne.
Une partie de ce travail consiste à retirer les DCP, qui s’échouent autour du délicat récif corallien de l’île, et qui menacent la vie marine et ses environs.
Des dispositifs de concentration de poissons (DCP) sont des plates-formes flottantes équipées d'un GPS, utilisées par les thoniers pour attirer de grandes concentrations de poissons. Ils sont généralement constitués de bambou et des filets de pêche ou des cordes qui pendent à une profondeur entre 20 et 50 mètres.
Lors du prochain « Groupe de travail » de la CTOI en septembre sur les écosystèmes et les prises accessoires, l’ICS va faire ressortir les coûts de nettoyage et les dangers que ces dispositifs ont sur l’environnement. Des représentants de l'industrie de la pêche au thon et les gestionnaires des pêches seront présents.
Un dispositif de concentration de poissons (DCP) est une plate-formes flottante équipée d'un GPS (Lucy Martin, ICS Seychelles) Photo license: All Rights Reserved |
Dans une interview par email avec le directeur du ICS sur Alphonse, Sam Balderson a dit à la SNA que l'Ics a commencé cette année un projet financé par l'ONG Internationale Greenpeace pour répertorier plus précisément l'impact des DCP sur les îles des Seychelles.
En avril, les équipes de l'ICS ont mené des enquêtes autour des îles de Saint-François et Farquhar, et ont trouvé 96 DCP ] sur les récifs et plages de corail. 216 incidents d’échouage ont été enregistrés au cours des quatre dernières années.
"Les premières analyses de cet ensemble de données montrent que76 % des DCP trouvées ont été déployées et perdues par les navires espagnols", a déclaré Balderson.
‘’Quand les DCP restent coincés sur les récifs...les filets deviennent de plus en plus empêtrés et glissent sur le corail", a-t-il expliqué. "Cela provoque des dégâts importants aux coraux en particulier les espèces de coraux à branche, qui cassent plus facilement."
Quand les filets se détachent du récif ,ils représentent une menace croissante pour la vie marine, notamment les tortues de mer, qui peuvent se coincer dans le filet et se noyer. Les DCP échoués sur les plages présentent également un défi important pour la ponte des tortues".
Le graphique ci-dessus montre, les 38 différents navires qui ont des DCP. Les navires sont tous détenus par des sociétés Espagnoles, ce qui porte le pourcentage total à 76% pour les DCP provenant des navires espagnols. (ICS Seychelles) Photo license: All Rights Reserved |
L'équipe ICS à Alphonse a récemment aidé au sauvetage d'une jeune tortue piégée dans "un filet fantôme" flottant qui s’est échoué sur la plage.
Selon Balderson, les estimations d'une étude sur l'industrie de senneur de thon français publiée en mai, montre que 9.9 pour cent des DCP se perdent dans l'Océan Indien soit probablement 1.000 à 1.500 DCP par an.
ICS espère que les informations qu'ils ont recueillies aideront les décideurs de la gestion des pêches à mettre en œuvre des règlements plus stricts pour prévenir la perte de DCP. "Il y a aussi un grand besoin pour aider à nettoyer ce qui est déjà un grand problème sur les îles", a déclaré Balderson à la SNA.
"Cela provoque des dégâts importants aux coraux en particulier les espèces de coraux à branche, qui cassent plus facilement."(Sam Balderson, ICS Seychelles) Photo license: All Rights Reserved |
Basé sur leur travail, ICS a fait des recommandations pour la conception de DCP plus respectueuse de l'environnement. Cela comprend le remplacement des matériaux synthétiques couramment utilisés dans la construction de DCP en compensation avec des matières biodégradables telles que des cordes en feuilles de palmier. Balderson a également envie de travailler avec l'industrie de la pêche pour aller au fond des raisons pour lesquelles les DCP se perdent.
‘’60 pour cent des DCP que nous avons trouvés ont encore une bouée satellite attachée. Nous pouvons normalement déterminer le navire en regardant les marques peintes sur la bouée", a-t-il dit.
"Ce que je voudrais faire, c’est de travailler avec les entreprises de pêche pour déterminer exactement où le DCP a été déployé. Cela pourra nous dire plus sur les raisons pour lesquelles les DCP se perdent".
Concernant le coût des opérations de nettoyage, Balderson croit fermement que la majorité de cela devrait être supportée par l'industrie de la pêche, mais un chiffre final est encore en cours d'élaboration.
"Je crois que l'industrie de la pêche doit payer, car ils bénéficient de l'utilisation de ces appareils, et ils sont responsables de leur perte chaque année. Si ceci se passait dans l'environnement terrestre, je suis certain que les pollueurs seraient forcé de nettoyer leurs gâchis".
"J’estime que sur Alphonse, nous aurions besoin 15 à 20,000$ par an".