Les Seychelles sans sac plastique ! Une ONG mène une campagne au profit des sacs réutilisables
Encourager la population seychelloise à passer des sacs en plastique à d'autres moyens alternatifs qui ne nuisent pas à l'environnement, tel est l'objectif d'une ONG dirigée par des jeunes aux Seychelles dans le cadre de leur campagne pour des Seychelles libérées des sacs en plastique. (Joe Laurence, Seychelles News Agency)
(Seychelles News Agency) - Les Seychelles libérées des sacs plastiques ! Voila ce qu’aimerait voir à l’avenir un groupe de jeunes qui vivent dans le petit archipel de 115 îles de l'Océan indien.
PEID Youth Aims Hub (SYAH) – Seychellesa lancé nouvelle campagnevisant à inciter la population de l'archipel d'environ 90 000 personnes à abandonner la pratique de l'utilisation des sacs en plastique et d'opter à la place pour des sacs réutilisables, qui sont plus durables et respectueux de l'environnement.
L’organisation à but non lucratif dirigé par des jeunes, rassemble des jeunes âgés entre 16 et 30 ans qui pensent pouvoir faire la différence.
Le groupe fait en réalité partie d'une ONG régionale plus vaste, SIDS Youth Aims Hub, lancée à Maurice en mai de l'année dernière, qui rassemble des jeunes de petits États insulaires en développement dans l'Atlantique, l'océan Indien, en mer Méditerranée ainsi qu’en mer de Chine méridionale.
Le réseau a été créé pour encourager les jeunes des petites nations insulaires à échanger des idées, en particulier quand il s’agit de problématiques relatives au développement durable.
Une idée est née
L'idée d'essayer de promouvoir des «Seychelles libérées des sacs plastiques » est née après que le sujet ait continué à être une problématique commune constatée par les jeunes au cours de leurs activités de nettoyage des plages et des randonnées régulièrement organisées depuis le début de l'année.
« Les plages, les mangroves et les rivières sont plus polluées que jamais et plus que jamais notre nation est devenue dépendante des sacs plastiques, si bien que cela peut même être décrit comme faisant partie de la culture, » a déclaré à la SNA, Karine Rassool, membre de "SIDS Youth Aims Hub – Seychelles", dans une interview par email.
Dans le cadre de leur projet SYAH - Seychelles a entrepris une enquête sur les trois principales îles peuplées des Seychelles de Mahé, Praslin et La Digue pour recueillir l'opinion des gens sur la manière dont ils utilisent les sacs plastiques et leurs réactions à l'idée de ne pas les utiliser.
« Il reste encore beaucoup de données à analyser étant donné que les enquêtes ont été menées sur Mahé et La Digue, mais jusqu'ici l'analyse sur Mahé a montré que la majorité des personnes (89 sur 100) ont déclaré qu'ils seraient soit heureux soit indifférents si on annonçait une interdiction d’utiliser des sacs plastiques. La résistance majeure concerne principalement ceux qui utilisent les sacs plastiques pour porter les poissons ou qui les utilisent comme sacs poubelles, » a déclaré Rassool.
« Les gens ont peur de sortir de leur zone de confort. Une fin de non-recevoir... fut l'absence d'une alternative évidente pour transporter le poisson. Cependant, je crois fermement que viendra le jour où il y aura une interdiction d’utiliser les sacs plastiques et nous serons contraintsd’innover et de trouver des alternatives. Nous ne cesserons pas d’acheter du poisson s’il n’y a plus de sacs plastiques mais, à la place, nous utiliserons des «sacs de jute» qui sont lavables et réutilisables pour transporter notre poisson. »
Les membres de SYAH-Seychelles se sont rendus sur les trois îles principales de Mahé, Praslin et la Digue pour leur enquête concernant l'utilisation des sacs plastiques. (A Seychelles Free From Plastic Bags/facebook) Photo License: All Rights reserved |
Les avantages et les inconvénients des sacs en plastique
Pas cher, pratique, étanche à l'eau et toujours disponible, les plastiques se sont révélés être très utiles dans la vie quotidienne, cependant, la plupart des plastiques ne sont pas biodégradables. La Recherche suggère même qu'il faut au moins 500 ans pour que les plastiques puissent se décomposer en plus petits morceaux mais qui sont plus nocifs.
Etant un petit État insulaire avec très peu de masse terrestre, les Seychelles doivent prendre en charge la problématique de l'élimination des déchets. En outre, le sujet constitue certainement une menace pour la beauté naturelle des îles et la santé de l'océan.
Souvent surnommé « le cancer de la terre », le plastique est une des plus fortes préoccupations des environnementalistes en raison de la menace qu'il représente pour les créatures marines, que ce soit par le biais de l'indigestion ou de l’étranglement ; les dommages ont été évalués au montant annuel ahurissant de 13 milliards de dollars US à travers le monde.
Certains pays comme le Rwanda, la Somalie et les nations insulaires tels que Rodrigues et Madagascar sont allés assez loin pour interdire l'utilisation de sacs plastiques tandis que d'autres et notamment des pays voisins de l’océan Indien, l'île Maurice et les Comores se sont engagés à suivre le mouvement.
Contribuer aux efforts actuels
La préoccupation sur cette question n’est pas nouvelle aux Seychelles, si bien que le ministère de l'environnement de l'archipel avait proposé en 2008 de nouvelles mesures pour réguler l’importation de sacs plastiques.
« Nous avons introduit un règlement en ce qui concerne les sacs plastiquesfragiles qui est encore appliqué et aujourd'hui notre département et l’institut de normalisation des Seychelles veillent toujours à ce que les sacs plastiques fragiles et fins n’aillent pas sur le marché. Ils sont supposés être au-dessus de 30 microns, » a déclaré Flavien Joubert dans une interview accordée à la SNA, le directeur général sortant de l'application de la Loi et des permis pour la faune, au ministère de l'Environnement, de l'énergie et du changement climatique.
Selon Joubert, il est très difficile de connaître le nombre exact de sacs en plastique utilisés dans le pays bien qu’il soit évident que son utilisation augmente avec l'augmentation des échanges commerciaux.
Depuis 2008, un règlement aux Seychelles impose d’importer dans le pays des sacs plastiquesau-dessus de 30 microns d'épaisseur (Joe Laurence, Seychelles News Agency) Photo License: CC-BY |
L'Agence pour la gestion des déchets aux Seychelles (LWMA), l’agence responsable de l'élimination des déchets dans l'archipel a également dit à la SNA que la quantité de plastiques utilisée aux Seychelles ne peut pas être quantifiée comme les déchets de types municipaux, commerciaux et d’autres qui sont mélangés ensemble en raison du fait que les insulaires ne trient pas leurs déchets.
SYAH-Seychelles et le ministère de l'environnement pensent que les gens doivent être constamment encouragés à utiliser d'autres moyens de transporter les choses.
Certaines entreprises et affaires ont déjà des sacs réutilisables à la vente même si ils sont un peu plus chers que les sacs en plastique habituels. Au titre de leur campagne SYAH-Seychelles utilise des fonds reçus par donation ainsi que grâce aux parrainages d’entreprises locales et d’autres organisations pour acheter des sacs réutilisables qui pourraient être vendus dans les magasins pour une somme modique.
Le groupe est également partenaire d'autres groupes tels que l'Association des personnes malentendante, la prison des Seychelles et d'autres entrepreneurs locaux pour aider à fabriquer et à coudre localement des sacs réutilisables.
« Nous avons eu aussi cette nouvelle idée! Semblable aux emballages des cigarettes informant visuellement des dangers du tabagisme, nous pensons mettredes autocollants ou des affiches aux caisses des magasins afin que les gens soient constamment au courant des conséquences des sacs plastiques, » a déclaré Rassool ajoutant qu'ils travaillent également sur du matériel éducatif et promotionnel qui sera disponible pour les écoles du pays.
Que pensent réellement les gens au sujet des sacs plastiques ?
Il est évident que les gens sont tout à fait conscients des effets nocifs du plastique sur l'environnement, mais la pratique d'avoir un sac qu'ils peuvent utiliser à plusieurs reprises n’est pas adoptée par la majorité.
« Je préfère utiliser mes sacs en tissu plutôt que des sacs en plastique parce que c’est plus économique pour moi, car je n’ai pas à acheter un ou plusieurs sacs en plastique à chaque fois que je vais à la boutique, » telle a été la réponse donnée à la SNA par une femme d'âge moyen.
Une autre personne interviewée soutient l'idée d'une interdiction totale, même si elle admet qu’il faut s’habituer à l'idée.
« Les sacs réutilisables sont bien mais pas aussi pratiques que des sacs en plastique, ce n’est pas si fréquent d'avoir le choix entre les sacs réutilisables et les sacs plastiqueslorsque vous êtes au comptoir de la boutique ....», Dit-elle.
D'autres pensent que les sacs plastiques sont tout simplement moins chers et plus pratiques.
« Je ne trouve pas que ce soit pratique de se promener avec un sac en tissu. Un sac plastique c’est plus pratique et c’est très accessible, cela ne me dérange pas de payer pour cela!
Photo 1 & 2: Des sacs en papier et quelques-uns des sacs réutilisables disponibles dans certains magasins aux Seychelles.(A Seychelles Free From Plastic Bags/facebook) Photo License: All Rights reserved Photo 3: "Sak Vakwa" [dans la langue native créole] Un type de sac qui était populaire il y a quelques années et que les gens avaient dans leur vie quotidienne et qui est moins populaire de nos jours(Joe Laurence, Seychelles News Agency) Photo License: CC-BY |
Vers unegestion durable dugaspillage
Les sacs biodégradables et les sacs en papier sont également des alternatives proposées dans lesquelles des entrepreneurs locaux ont essayé d'investir, mais ceux-ci sont souvent plus chers que les sacs en plastique.
Bien qu'il soit important que nous recherchions des alternatives aux sacs plastiques, il est plus important de faire face au véritable problème qui est notre utilisation des sacs plastiques, c’est une responsabilité envers notre environnement, l'économie et même notre population ...» a déclaré Rassool, ajoutant que d'autres petits États insulaires sont déjà bien en avance en matière de gestion durable des déchets.
En réalité, en faisant partie d'une ONG régionale, SYAH-Seychelles reçoit l'aide des États insulaires voisins comme Rodrigues qui s’est libéré du sac en plastique en 2014 pour la journée mondiale de l'environnement et de l'île Maurice qui va le faire pour janvier 2016 et le groupe espère aussi inspirer d'autres membres du groupement régional, comme le Cap-Vert, les Comores et les Maldives à faire de même.
« Le projet fait pression pour l’interdiction totale, mais nous espérons réussir à sensibiliser le public et à faire changer les mentalités le temps que nous parvenions à l’interdiction totale. SYAH écrira un document de politique générale pour présenter au ministère de l'Environnement des études comparatives sur la manière dont d'autres pays ont mis en œuvre l'interdiction et sur les résultats de notre enquête. Nous continuerons notre campagne de sensibilisation avec des projections de films, en donnant du matériel pédagogique aux écoles et en assurer la disponibilité de sacs réutilisables », a déclaré Rassool.
SYAH-Seychelles travaille en étroite collaboration avec d'autres entrepirses pour réutiliser les sacs (A Seychelles Free From Plastic Bags/facebook) Photo License: All Rights reserved |
Reconnaissant l'effort louable du groupe pour sensibiliser le public, le ministère seychellois de l'Environnement de l'énergie et du changement climatique a décrit le projet comme un signe que d'autres secteurs de la société sont prêts à s’engager dans cette cause.
« Notre objectif est de réduire le nombre de sacs en plastique utilisés dans le pays et de réduire le niveau de sacs en plastique mis à la poubelle et charriés dans le milieu marin ...», a déclaré Joubert.
Selon Joubert, le ministère se penche également sur des moyens nouveaux et novateurs pour encourager le recyclage, le recyclage en matériaux de moindre valeur et l'extraction d’énergie, en particulier à travers des petits entrepreneurs.
Des propositions ont déjà été faites pour avoir une usine de traitement des déchets en plastique tout en continuant à chercher d'autres pratiques respectueuses de l'environnement telles que l'introduction de boîtes à emporter biodégradables.