Convention de Nairobi : les Seychelles « ont adopté une politique de durabilité », a déclaré le Directeur Général du PNUE
Le Directeur Général du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), le Dr Achim Steiner, a rencontré le président des Seychelles James Michel au Palais Présidentiel mardi dernier. (Mervyn Marie, Seychelles News Agency)
(Seychelles News Agency) - Le Directeur Général du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), le Dr Achim Steiner, a salué l'engagement des Seychelles, archipel de 115 îles de l’Océan Indien, pour la gestion durable de ses ressources.
« Un des défis que les Seychelles ont décidé de relever est celui de la durabilité et c’est aussi le cœur de la mission du Programme des Nations Unies pour l'environnement, c’est la raison pour laquelle nous ne sommes pas seulement des partenaires historiques mais nous sommes aussi des partenaires d’autant plus ravis et enthousiastes pour l'avenir, » a-t-il dit aux représentants de la presse locale mardi dernier.
Le Dr Steiner a rendu une visite de courtoisie au Président des Seychelles James Michel au Palais Présidentiel, situé à Victoria, la capitale de l'archipel, dans le cadre de son programme de la Convention de Nairobi pour la protection, la gestion et le développement de l’environnement marin et côtier de l’Océan Indien Occidental.
La Convention de Nairobi qui a été adoptée aux Seychelles il y a 30 ans, a marqué cet anniversaire en organisant la 8e Conférence des Parties (COP8) dans le même pays où elle a été créée.
Les membres de la Convention de Nairobi proviennent de toute la Corne d'Afrique à la pointe extrême-Sud du continent jusqu’à l'océan Indien occidental, y compris les Comores, la France (à travers le département de l’île la Réunion) le Kenya, Madagascar, Maurice, le Mozambique, les Seychelles, la Somalie, la Tanzanie et l'Afrique du Sud. Tous les pays ont été représentés lors de la cérémonie d'ouverture à l'Hôtel Savoy, situé à la station balnéaire de Beau Vallon, dans la zone Nord Mahé, l'île principale des Seychelles.
La Convention a été fondée en 1985 suite à deux protocoles ; l'un est relatif à la coopération pour la lutte contre la pollution marine dans la région d’Afrique de l'Est et l'autre concerne les zones protégées pour la faune et la flore sauvages. Ces protocoles ont ensuite été révisés et un nouveau protocole sur la protection des milieux marins et côtiers provenant des sources et activités situés à terre a été ajouté.
Lors de la 8ème Conférence des Parties de la Convention de Nairobi, Didier Dogley, ministre de l'Environnement et de l'énergie des Seychelles, prit la présidence tournante de la Convention de Nairobi depuis la dernière convention en Tanzanie pour les deux prochaines années.
Des îles de faible altitude et des zones côtières de l'archipel des Seychelles pourraient faire face à des conséquences désastreuses si les objectifs de limitation des émissions de carbone pour atténuer les effets du changement climatique ne sont pas atteints lors de la prochaine conférence des Nations unies qui se tiendra à Paris à la fin de cette année (Gérard Larose, Bureau de l’Office de Tourisme des Seychelles) Licence photo : CC BY-NC |
Une des zones marines les plus saines
Le ministre Dogley a déclaré que l'océan Indien occidental abrite un large éventail de zones biologiques et écologiques importantes, qui sont véritablement pleine de vie.
« Il héberge l'un des plus grands herbiers marins, des milliers de kilomètres de littoraux productifs, de nombreuses structures sous-marines et des promontoires sous-marins. Tout cela, couplé avec le courant du canal du Mozambique, rend l'océan Indien occidental très riche en faune et en flore ainsi qu’en ressources marines. ».
Prenant également la parole lors de la cérémonie d'ouverture, le Dr Steiner a décrit l'océan Indien occidental, comme « l'une des zones maritimes les plus saines au monde. »
Il a toutefois fait remarquer qu'il pouvait être affecté par des pressions environnementales telles que le blanchissement des coraux, la pollution, la surpêche et le transport maritime.
Dans un éditorial publié par la SNA mardi dernier, Steiner et Dogley ont affirmé que l'océan Indien occidental demeure l'une des zones maritimes les moins polluées du monde grâce à la clairvoyance de ses dirigeants régionaux.
Dogley a également parlé de la nécessité d'intensifier la recherche et la sensibilisation relative à ce qui se trouve sous la surface de l'océan, en disant que sans données et interprétations adéquates, aucune mesure de prévention ou de gestion ne pourrait être prise.
« Notre compréhension se limite essentiellement au niveau des plages, ou peut-être que si certains d'entre nous vont à la pêche, nous saurons comment attraper un poisson, mais nous avons une connaissance relativement restreinte sur ce qui se passe réellement dans les profondeurs marines, » a-t-il déclaré.
Dogley a exprimé l'espoir que la prochaine conférence sur le changement climatique à Paris ferait naître un nouvel accord contraignant pour remplacer le Protocole de Kyoto et « nous sauver de la catastrophe. »
Il a salué l'encyclique du pape Francis qui a été publiée la semaine dernière sur l'écologie et le changement climatique.
« La Planète Terre a besoin de tous les défenseurs qu'elle peut avoir. Donc, espérons que d'autres grands leaders religieux vont suivre son exemple», a-t-il ajouté.
Le ministre de l'Environnement, de l'énergie et du changement climatique des Seychelles, M. Didier Dogley, s’exprimant lors de la cérémonie d'ouverture de la 8ème Conférence des Parties de la Convention de Nairobi. (Louis Toussaint, Seychelles News Agency) Licence photo: CC-BY |
Créer des plus grandes réserves marines
Afin de permettre la mise en œuvre du concept de l'économie bleue, qui est axée sur la gestion durable des ressources de l'océan, les Seychelles sont actuellement en train de finaliser une conversion de la dette en investissant dans l’adaptation au changement climatique qui inclut l’élaboration d’un Plan Spatial Marin (PSM) nationalpour l’ensemble de sa Zone économique exclusive (ZEE).
Dogley a expliqué aux délégués que l'échange de la dette (ou conversion de la dette) est géré localement par un fonds fiduciaire qui financera le PSM et qui permettra de protéger une zone couvrant 30 pour cent de la ZEE Seychelles, soit près de 1,4 millions de kilomètres carrés.
Lors d’une interview accordée à la SNA en juin 2014, Dogley avait noté qu’actuellement seulement 1 pour cent de la ZEE des Seychelles est protégé, en tant que zones interdites à la pêche. Ce qui se situe bien en dessous du minimum de 17 pour cent fixé par la Convention sur la diversité biologique (CDB).
Les principales zones protégées se situent autour du groupe d’îles de Ste Anne, à environ 3 km de Victoria, de la baie de Ternay au large de la côte ouest de Mahé ainsi qu’autour de l'île Curieuse, près de Praslin.
Les délégués de dix pays étaient présents à l'ouverture de la convention de la COP8 qui s’est tenue à l'Hôtel Savoy aux Seychelles. (Louis Toussaint, Seychelles News Agency) Licence photo: CC-BY |
Le PNUE « est prêt à collaborer » sur le concept de l’économie bleue
Lors de la visite du Dr. Steiner au Palais Présidentiel, le président Michel et lui ont échangé sur des problématiques communes et sur les domaines de coopération dans les énergies renouvelables ainsi que sur le concept de l’économie bleue. Le président a présenté à tous les membres présents ses meilleurs vœux de réussite pour la convention.
« C’est un plaisir de vous compter parmi nous et nous sommes impatients d'avoir cet échange fructueux, » a déclaré le président dans un communiqué de pressepublié mardi. « Ce sera une opportunité pour vous de constater par vous-même ce que nous essayons de faire ici aux Seychelles, bien sûr, nous avons encore beaucoup de progrès à faire, ce n’est pas toujours facile d’essayer d'établir le bon équilibre entre le développement et la gestion de l'environnement. Mais, nous essayons de faire du mieux que nous pouvons et nous avons également besoin de beaucoup de soutien, en termes de renforcement des capacités, de formation et de qualification. Et nous essayons d'innover et de planifier notre stratégie sur la manière dont nous pouvons aller de l'avant. »
Lors de la réunion, le Dr Steiner était accompagné du Secrétaire Exécutif des Nations Unies pour la Convention de Bâle, de Rotterdam et de Stockholm, le professeur Rolph Payet, qui fut aussi l'ancien ministre l'Environnement des Seychelles avant de prendre son poste actuel en 2014.
Le Dr Steiner a déclaré aux journalistes que le PNUE était prêt à collaborer et à aider le gouvernement des Seychelles à développer davantage le concept de l'économie bleue, à étudier les possibilités futures en termes d’emploi ainsi que d'aider éventuellement dans les domaines des énergies renouvelables, de la pêche et du tourisme.
Le Directeur Général sortant de l’UNEP, qui est encore en poste pendant environ une année, affirme que son avenir est « écrit dans les étoiles, » mais qu'il y a encore beaucoup à faire sur l’année à venir avant qu'il ne quitte son poste actuel.
« Je ne dois pas seulement me concentrer sur cette année 2015, il y aura également la grande conférence à New York qui adoptera des objectifs de développement durable, la conférence sur le changement climatique en décembre, et puis l'année prochaine, durant mon dernier mois de mandat ce sera la deuxième Assemblée de l'environnement des Nations Unies, et après cela, rien de prévu pour le moment ! »
Les réunions de la COP8 se poursuivront jusqu'à la fin de cette semaine. Elles s’achèveront avec les recommandations finales de la Convention et les déclarations de clôture ce vendredi.