Le coco de mer qui pousse naturellement aux Seychelles, livre quelques un de ses secrets
Le Coco-de-Mer, qui produit la plus grosse noix de coco au monde peut peser jusqu'à 25 kg chacune (Seychelles News Agency)
(Seychelles News Agency) - Loin du reste du monde, un palmier Coco-de-Mer (Lodoicea maldivica) étend son long tronc vers le ciel tandis que la première feuille d’un jeune plant ténu pousse à sa base. Dans la fraîcheur de la Vallée de Mai, site classé au patrimoine mondial de l'UNESCO sur Praslin - la deuxième île la plus peuplée des Seychelles, l'immense dépaysement de la forêt de palmiers semble surréaliste.
Mais pour les chercheurs de la Vallée de Mai, qui est gérée par la fondation des îles des Seychelles (SIF), l'atmosphère est propice à la fois à un sentiment général d’admiration mais aussi à la curiosité scientifique.
Le directeur général de la SIF, le Dr Frauke Flesicher-Dogley, est l'auteur d'une véritable pile de mémoires de recherche rédigés sur de nombreuses années. Elle a passé son temps avec son équipe à étudier le mystérieux et étrange Coco-de-Mer, qui produit la plus grosse noix de coco au monde et qui peut peser jusqu'à 25 kg chacune.
La plante avec sa noix aux formes voluptueuses et qui ressemble à la forme galbée du derrière d'une femme, a depuis toujours intrigué les naturalistes. Après avoir été emportées par la mer loin de leur île natale de Praslin, les noix ont échoué sur les îles des Maldives, autrefois recouvertes de resplendissants palmiers de Coco-de-Mer. .
Ne sachant pas d'où elles venaient, on pensait qu’un palmier sous-marin avait produit les noix, raison pour laquelle on les a appelé Coco-de-Mer ou de noix de coco de la mer.
Bien que l'origine mystérieuse de la noix fut finalement établi après que les Seychelles aient été explorées et aménagées, il restait encore jusqu'à nos jours, y compris pour les esprits les plus curieux beaucoup de questions sur la coco-de-Mer à éluder, tel que : comment la plus grosse graine au monde parvient-elle à germer dans la terre rouge de Praslin, qui est naturellement pauvre en éléments nutritifs essentiels en phosphore et en azote.
Pour répondre à cette question, les chercheurs ont mesuré les quantités d'azote et de phosphore dans les feuilles, les fruits et les fleurs mâles. Ils ont également surveillé les niveaux de nutriments dans le sol et ont mesuré les quantités d’eaux de pluie qui coulent le long des troncs durant les intempéries.
Un entonnoir géant - les feuilles plissées du palmier de coco-de-mer forment un entonnoir et la décomposition végétale de la base du tronc du Coco-de-Mer apporte au sol un contenu nutritionnel plus élevé pour ses plants. (Seychelles Fondation) Licence photo: Tous droits réservés |
Un concept ingénieux
Après des années de collecte de données, de calculs et de statistiques, les chercheurs de la SIF ont à présent prouvé que le palmier parental améliore lui-même réellement les conditions du sol pour lui et pour sa progéniture voisine : il crée son propre compost, riche en nutriments provenant de la décomposition des débris végétaux recueillies sur les surfaces de ses larges feuilles puis qui sont acheminés à la base du tronc.
Les feuilles du palmier Coco-de-Mer ont évolué pour former un gigantesque entonnoir, veillant à ce que la quasi-totalité de la pluie qui tombe sur eux soit acheminée directement à la base du tronc, tandis que la matière organique sur la surface de la feuille comme le pollen et les matières fécales des animaux et des reptiles qui sont riches en nutriments soient vidés avec l'eau au bas de l'arbre.
S’adressant à la SNA dans une interview par email, le co-chercheur Christopher Kaiser-Bunbury de la SIF a déclaré que cette découverte a été une étape importante à la compréhension de l'évolution et de l'écologie de ce palmier extraordinaire.
Le coco de mer avec sa forme suggestive (Gerard Larose, STB) Licence photo: CC-BY |
« Nous avons commencé à voir l'arbre comme un entonnoir, ce qui a été particulièrement évident au cours d'une violente averse de pluie dans la Vallée de Mai, » a déclaré Kaiser-Bunbury.
A partir de cette révélation, il nous a fallu environ cinq ans pour publier un article dans le numéro de janvier de la revue « New Phytologist ».
En utilisant les décennies de recherches du Dr Fleischer-Dogley sur l'histoire de la vie du Coco-de-Mer comme base de travail, l'équipe de recherche de la SIF a recueilli des données sur les éléments nutritifs des plantes et du sol pour constituer un ensemble de données à long terme.
Dans cette histoire, il y a également une notion de sacrifice parental – le palmier parent prive son propre tronc et ses feuilles du phosphore et de l’azote afin de donner le maximum de nutriments à ses jeunes plants. Même si on le compare à d'autres palmiers aux Seychelles les palmiers de Coco-de-Mer ont seulement une petite fraction des niveaux d’azotes et de phosphores considérés comme normaux dans les autres plantes.
Même quand une feuille meurt, les nutriments sont d'abord identifiés puis transférés vers la base du tronc pour aider à enrichir profondément le sol.
Selon le chercheur, les îles ont tendance à favoriser naturellement l'évolution de grands fruits et de graines.
« Dans ce cas particulier, l'ancêtre du Coco-de-Mer avait déjà de grosses graines qui ont été dispersées par un grand animal terrestre, » a-t-il dit à la SNA, ajoutant que le Coco-de-Mer avait perdu son animal disperseur de graines lorsque les Seychelles se sont détachées du continent.
« Moins de nutriments induit un développement plus lent et potentiellement moins de mécanismes de défense contre les herbivores. Etant une plante insulaire, le Coco-de-Mer n’a probablement jamais été exposé à la pression des grands herbivores, raison pour laquelle la plante n'a jamais eu besoin d'investir dans des mécanismes de défense sophistiqués, » a déclaré M. Kaiser-Bunbury.
Le coco de mer Mal (Gerard Larose, STB) Licence photo: CC-BY |
Protégés mais toujours vulnérables
Malgré la protection parentale du palmier Coco-de-Mer vis-à-vis de sa descendance, il subsiste encore des préoccupations au sujet de la survie de cette noix, qui ne se trouve nulle part ailleurs sur terre qu’à Praslin et sa petite île voisine Curieuse. La graine est répertoriée comme «vulnérable» sur la Liste rouge de l'UICN.
Les principales menaces qui pèsent sur leurs stades de germination et de semis restent les perturbations liées à l'activité humaine. Les espèces envahissantes de nature végétales et animales et la grave pénurie de noix liée au braconnage persistant sont des obstacles à la reproduction.
Une méthode artificielle de propagation du Coco-de-Mer est possible.
Il existe des horticulteurs seychellois qualifiés qui ont maîtrisé la propagation du Coco-de-Mer, bien que Kaiser-Bunbury affirme qu’une évaluation minutieuse devrait être réalisée sur l’opportunité et la manière dont elles peuvent être utilisés dans la restauration de l'habitat, sur le sol rouge et érodé de Praslin .
Le mystère final
Cependant, il existe un mystère que les scientifiques peinent encore à résoudre sur le Coco-de-Mer. Les scientifiques ont toujours des difficultés à expliquer comment les fleurs femelles, qui sont les plus grandes de tous les palmiers, sont pollinisées par les chatons mâles situés sur des palmiers mâles à une certaine distance.
Selon le Dr. Kaiser-Bunbury, la SIF et ses partenaires ont étudié les mécanismes de pollinisation du Coco-de-Mer depuis plusieurs années.