Le nouveau ministre des Finances des Seychelles, s’engage à maintenir le cap économique de son prédécesseur
Lors de sa première conférence de presse en tant que ministre des Finances, du Commerce et de l'économie bleue, Jean-Paul Adam, a dissipé tous les doutes portant sur une éventuelle modification de la politique économique du gouvernement (Patrick Joubert, Seychelles News Agency)
(Seychelles News Agency) - Le nouveau ministre des Finances des Seychelles, du commerce et de l'économie bleue, Jean Paul Adam, a promis de respecter le travail de ses prédécesseurs visant à mettre en œuvre une politique économique saine pour les Seychelles.
Après la crise économique mondiale qui a conduit le gouvernement en défaut de paiement et a augmenté la dette extérieure, l'archipel de 115 îles avec sa population de 90 000 habitants a pris part en 2008, au programme de réforme économique sur 5 ans du FMI, assisté par le président du pays, James Michel.
Le remaniement du cabinet ministériel du président fin janvier dernier, a vu la sortie soudaine du ministre Pierre Laporte, alors en charge de la finance, du commerce et de l'investissement. Pierre Laporte, économiste de formation était auparavant le représentant du FMI au Niger et fut nommé plus tard, gouverneur de la Banque centrale des Seychelles avant sa nomination au ministère des finances en Mars de 2012.
Lors d’une conférence de presse tenue pour les membres des médias locaux lundi après-midi, le ministre entrant Adam, qui était auparavant ministre des Affaires étrangères, répond confiant aux questions concernant sa capacité à gérer sa nouvelle fonction.
Le ministre a rencontré la presse dans son nouveau quartier général, à Liberty House, situé à Victoria, la capitale des Seychelles, aux côtés du gouverneur de la Banque centrale, Caroline Abel et du nouveau ministre de l'investissement, de l'entrepreneuriat et de l'innovation des entreprises, Michael Benstrong.
« Tout d'abord je tiens à dire que je suis très heureux qu’on me donne l’opportunité de diriger le ministère des finances, du commerce et de l'économie bleue, » a-t-il déclaré aux médias. « Ma nomination se poursuit dans l'esprit de la continuité - je prends ce nouveau rôle très à cœur afin de poursuivre les mêmes politiques qui ont été mises en place par le gouvernement et par mon prédécesseur, Monsieur Pierre Laporte. »
Tout en admettant que le portefeuille des Finances était plus complexe que son ministère précédent, il s’est dit confiant et a ajouté que son expérience précédente lui serait très utile pour mener à bien sa mission.
« Si l’on examine la question d'une manière directe : suis-je la bonne personne pour ce travail en ce moment ? J’ai le sentiment que l'équipe du ministère des Finances est très compétent, » a-t-il dit. « Je viens prendre cette fonction pour renforcer le travail qui a déjà été fait et aussi analyser de quelles manières nous pouvons créer de nouvelles opportunités pour les entreprises seychelloises. »
Le Ministre Adam a réitéré qu'il n'y aurait pas de changement apporté à la politique macro-économique du pays ou à la politique budgétaire.
L’ancien ministre des Finances, Pierre Laporte a été salué par son remplaçant comme étant un grand contributeur à la reprise économique du pays (Seychelles News Agency) licence photo: CC-BY |
« Je pense que les fondations de l'économie des Seychelles ont déjà été bâties dans le cadre du processus de réforme que nous avons mis en place sur un certain nombre d'années et qui a commencé en 2008, » a poursuivi le ministre.Un coup de chapeau à la Vieille Garde
« Cette réforme n'a pas été mis en œuvre par une seule personne – Le Président Michel en personne a initié la réforme, et pendant ce temps, le vice-président Danny Faure a pris le rôle du ministre des Finances. Le Ministre Laporte est allé dans cette même direction et j’irai également poursuivre cette même voie. »
Le ministre Adam a également rendu hommage à la contribution de M. Laporte dans le redressement de l'économie des Seychelles.
« J’aimerais profiter de cette opportunité pour exprimer notre profonde reconnaissance pour tout ce qu'il a fait. Je pense qu'il a largement contribué à la performance économique des Seychelles en mettant les Seychelles sur la voie de politiques macro-économiques durables, » a-t-il dit.
« Je pense qu’il est important lors de cette première conférence de presse que je reconnaisse sa grande contribution et que j’affirme que je suis très confiant sur le fait qu’il continuera à apporter une image très positive des Seychelles et qu’il continuera à contribuer au développement des Seychelles, quel que soit la nouvelle fonction qu’il acceptera. »
Zoom sur les producteurs de richesses
À l'avenir, le ministre Adam a déclaré qu'il mettrait davantage l'accent sur la revitalisation des principales sources de recettes en devises du pays, en particulier dans le secteur du tourisme et dans le département nouvellement créé sous son contrôle, le ministère de l'économie bleue.
J.P Adam a annoncé une série de consultations approfondies avec le secteur du tourisme pour identifier les solutions possibles et résoudre les problèmes pour augmenter le rendement de toute l'industrie.
« Nous dépendons presque complètement du tourisme, et nous devons nous assurer que cela fonctionne encore mieux que cela fonctionne actuellement. Nous pensons qu'il y a beaucoup plus de possibilités, nous allons donc travailler avec le ministre (de l’investissement, du développement, de l'entrepreneuriat et de l'innovation des entreprises) Michael Benstrong et le secteur privé afin de chercher d'autres possibilités et des moyens novateurs pour aller de l'avant. »
Le ministre Adam a déclaré que le portefeuille de l’économie bleue et du ministère des Finances n’ont pas été réunis « par accident », décrivant le concept de générer des industries durables et innovantes dans la zone économique exclusive des Seychelles comme l'un des éléments les plus importants pour diversifier et diminuer le risque de l'économie en provenance de chocs extérieurs.
« Je pense que l'un des messages clés qui est ressorti était que nous avions besoin d’une meilleure coordination, et ce sera l'objectif du département de l’économie bleue; de mieux coordonner ce que tous les ministères font en relation avec le développement de notre océan, » a déclaré J.P Adam.
Le ministre a précisé que le ministère ne remplacerait pas les départements existants, mais qu’il viendrait plutôt « compléter et coordonner ce que font les autres ministères. »
Confiant : le nouvel homme à la tête des finances, Jean Paul Adam s’est concentré sur la revitalisation des piliers économiques du pays (Patrick Joubert, Seychelles News Agency) licence photo : CC-BY |
« Cette année, nous allons consolider les réformes juridiques que nous avons mis en place, mais aussi renforcer les capacités dans ces secteurs ; à la fois dans le secteur privé, mais aussi dans les fonctions réglementaires qui sont détenus par des entités gouvernementales pour nous assurer que nous pouvons correctement développer ce secteur pour qu'il puisse atteindre son plein potentiel. »Le ministre a également décrit le secteur international des services financiers et bancaires offshore aux Seychelles comme étant à un « moment critique ».
Le ministre a affirmé qu'il pourrait y avoir beaucoup plus de diversification dans les types de produits offerts.
« Enregistrer simplement les entreprises n’est pas suffisant, » a-t-il expliqué. « Nous devons travailler avec le secteur privé pour offrir plus de services pour l'ensemble de ces types de services et pour créer ainsi plus d'opportunités. »
Respecter le budget
S’adressant à un journaliste posant des questions sur le budget national récemment annoncé pour 2015, le ministre Adam a répondu que le budget serait uniquement ajusté en cas de restructuration gouvernementale.
Affirmant qu'il « respectait le pouvoir du Parlement, » J.P. Adam a déclaré qu'il n’avait pas à lui seul le pouvoir de changer quoi que ce soit dans le budget, mais que le processus normal d'examen du budget était en cours au sein du ministère des Finances pour réaliser les ajustements nécessaires.
« Par exemple, il y a certains éléments qui devront être ajustés, par exemple la création de nouveaux postes, la dévaluation de la roupie, mais dans l'ensemble, lorsque nous parlons du budget que nous avons présenté à l'Assemblée nationale en tant que gouvernement, sous le ministre Laporte, nous soutenons ce budget et nous allons le mettre en œuvre, » a-t-il déclaré.
« Toutefois, en raison de la restructuration qu’a fait le gouvernement, nous allons travailler plus étroitement avec le secteur privé, et si nous devons faire certains ajustements, nous les ferons, certainement. Si le ministre Laporte était assis dans ce fauteuil en ce moment il vous aurait dit la même chose. »
Renforcer les activités de contrôle
Lorsqu'on lui a demandé quelle serait son approche sur la mauvaise utilisation des fonds publics, le ministre Adam a répondu qu'il croyait que le Bureau du vérificateur général « faisait son travail. »
Le rapport de la vérificatrice générale de 2013 a été délivré l'année dernière, citant « aucun abus grave » de fonds publics n’a été constaté et qui a noté une amélioration générale de la manière dont ont été gérés les fonds publics.
Cependant, dans une interview réalisée le mois dernier, le vérificateur général M. Marc Benstrong, a déclaré à la SNA, que d’une manière générale, une meilleure conformité aux lois et aux règlements financiers était nécessaire pour assurer une gestion solide et la surveillance de l'utilisation des fonds publics.
Le ministre Adam a déclaré lors de la conférence de presse qu’en tant que ministre des Finances il ferait « plus d'efforts » pour soulever les questions liées à la mauvaise gestion de l'argent des contribuables et qu’ils seraient directement adressés aux ministères concernés.
Le ministre a déclaré que le système de vérification aux Seychelles était solide, et qu’il comprenait non seulement des audits externes de l'AG mais aussi des procédures d'audit interne qui ont été récemment mis en œuvre à la fois au sein du ministère des Finances et dans chaque ministère. Cela a été mis en place avec l'aide du FMI et de la Banque mondiale.
« Si demain vous obteniez un rapport de la vérificatrice générale stipulant qu’il n’y a rien à l'intérieur de ce rapport, vous diriez que l’Audit n’a pas fait son travail correctement, » a-t-il dit.