Sri Lanka: victoire écrasante et majorité absolue pour le camp du président aux législatives
Des fonctionnaires électoraux et du personnel de sécurité transportent des urnes scellées vers un centre de dépouillement à la fin du scrutin des élections législatives au Sri Lanka, à Colombo, le 14 novembre 2024. Le nouveau président du Sri Lanka, Anura Kumara Dissanayake, était confiant dans sa victoire lors de la fermeture des bureaux de vote le 14 novembre pour les élections législatives anticipées. (Photo Ishara S. KODIKARA / AFP)
(AFP) - Pari réussi: le premier président de gauche de l'histoire du Sri Lanka a remporté haut la main les élections législatives en décrochant une majorité absolue qui lui donne les mains libres pour réformer le pays.
Elu il y a deux mois à la tête d'un pays épuisé par la pire crise économique de son histoire et une brutale cure d'austérité, Anura Kumara Dissanayake, 55 ans, a salué sa victoire sur son compte X.
"Merci a tous ceux qui ont voté pour une renaissance", a écrit le nouvel homme fort du Sri Lanka.
Marxiste de formation mais depuis largement converti à l'économie de marché, M. Dissanayake s'est engagé à réduire les taxes sur les produits de première nécessité et à éradiquer la corruption, s'attirant un large soutien de la population.
Selon les résultats quasi-complets publiés vendredi par la commission électorale, la coalition NPP conduite par le parti présidentiel, le Front de libération du peuple (JVP), a remporté 141 des 196 sièges du Parlement attribués régionalement.
La NPP, qui ne détenait que trois sièges dans l'assemblée sortante, devrait s'emparer de 18 autres sièges distribués à la proportionnelle à l'échelon national.
La majorité présidentielle au Parlement dépasserait ainsi le seuil des deux tiers de sièges nécessaire pour réformer la Constitution.
"Nous sommes ravis des résultats", a commenté pou l'AFP un électeur, Janaka Perera. "Nous avons besoin d'un gouvernement stable pour remettre l'économie sur pied", a-t-il ajouté. "Nous avons été trompés par la classe politique corrompue depuis des décennies."
"Pendant des années, notre pays a été dirigé par des voleurs, des bandits et des corrompus. Je suis très heureuse que ces escrocs aient été remplacés par un gouvernement propre", a renchéri une électrice, Nilusha Nilmini.
En recueillant 61,5% des suffrages, Anura Kumara Dissanayake a amélioré son score de l'élection présidentielle et écrasé tous ses rivaux.
- Déroute de l'opposition -
Le parti du chef de l'opposition Sajith Premadasa ne devrait obtenir que 17,6% des voix et celui du précédant chef de l'Etat, Ranil Wickremesinghe, à peine 4,5%, selon les résultats publiés par la commission électorale.
Tous les analystes avaient prédit la large victoire du camp présidentiel face à des adversaires divisés.
"L'opposition est morte", a estimé l'analyste Kusal Perera. "Le résultat du scrutin est une affaire classée: le NPP formera le prochain gouvernement."
Même si son parti a conservé pour emblème le marteau et la faucille communistes, Anura Kumara Dissanayake a fait campagne avec le soutien inattendu des milieux économiques.
Un temps inquiets, chefs d'entreprises et hommes d'affaires ont été rassurés par sa décision de ne pas jeter aux orties l'accord passé en 2023 avec le Fonds monétaire international (FMI) pour tenter de remettre le pays sur les rails.
L'économie du Sri Lanka s'est effondrée en 2022, contraignant son gouvernement à faire défaut sur sa dette publique, alors estimée à 46 milliards de dollars (42 milliards d'euros).
Plusieurs semaines de manifestations populaires contre les pénuries et l'inflation qui ont suivi ont causé en juillet 2022 la chute du président de l'époque, Gotabaya Rajapaksa.
En échange d'une aide de 2,9 milliards de dollars (2,6 milliards d'euros) du FMI, son successeur Ranil Wickremesinghe a multiplié les hausses d'impôts et les coupes dans les dépenses publiques.
Sur fond de fragile embellie économique, M. Dissanayake a exprimé sa volonté de renégocier quelques-unes des clauses de cet accord.
Le FMI a entamé des discussions sur les "approches alternatives" défendues par M. Dissanayake mais a aussi rappelé la nécessité de "protéger et de développer" les efforts engagés.
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