Pakistan: Sharif en passe de revenir au pouvoir après un accord entre les rivaux de Khan
L'ancien Premier ministre pakistanais et chef du parti Pakistan Muslim League-Nawaz (PML-N), Shehbaz Sharif, s'exprime lors d'une conférence de presse à Lahore, le 13 février 2024. (Photo Arif ALI / AFP)
(AFP) - L'ex-Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif apparaît mercredi prêt à revenir au pouvoir, après un accord de coalition entre les partis issus des deux grandes dynasties politiques du pays qui écarte les partisans de l'ancien dirigeant emprisonné Imran Khan.
Les candidats soutenus par le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI) de M. Khan avaient obtenu le plus grand nombre de sièges à l'Assemblée nationale aux élections législatives du 8 février. Mais à la suite de cet accord, ils se trouvent désormais exclus du pouvoir.
Cette alliance entre la Ligue musulmane du Pakistan (PML-N) de Nawaz Sharif et le Parti du peuple pakistanais (PPP), de Bilawal Bhutto Zardari met fin à deux semaines de négociations.
Les deux partis "ont atteint le nombre requis" de sièges "et nous formerons un gouvernement", a déclaré Bilawal Bhutto Zardari lors d'une conférence de presse à Islamabad mardi soir.
Selon cet accord, la PML-N, arrivée en deuxième position, et le PPP proposeront Shehbaz Sharif, Premier ministre de 2022 à 2023 au poste de chef du gouvernement, et l'ancien président Asif Ali Zardari (2008-2013), époux de l'ancien Première ministre assassinée Benazir Bhutto, à la présidence.
"Nous espérons que Shehbaz Sharif deviendra bientôt le Premier ministre du pays et tout le Pakistan devrait prier pour que le gouvernement soit couronné de succès", a poursuivi Bilawal Bhutto Zardari, du PPP, fils du président proposé par la coalition.
Shehbaz Sharif a relevé la difficile situation économique du pays, lors de la même conférence de presse.
"Soixante-seize ans après (l'indépendance), nous nous retrouvons dépendants des emprunts", a-t-il souligné. "Nous sommes confrontés à des défis considérables (...) Nous devons sortir le Pakistan de ces difficultés".
Les partis de la coalition se sont aussi accordés sur les portefeuilles ministériels, qui devraient être annoncés dans les prochains jours.
Les députés élus doivent siéger pour la première fois le 29 février, trois semaines après le scrutin, date à laquelle la coalition doit être approuvée.
- Le PTI dénonce des "voleurs de mandat" -
De nombreuses allégations de manipulation ont terni les élections du 8 février, avec un réseau de téléphonie mobile suspendu le jour du scrutin et un dépouillement qui a pris plus de 24 heures.
Le parti d'Imran Khan, qui a dénoncé des fraudes massives, affirmait avoir remporté suffisamment de sièges pour être en mesure de gouverner.
Le PTI s'est élevé mercredi contre l'accord de coalition, qualifiant les partis rivaux de "voleurs de mandat".
"Le PML-N et le Parti du peuple méritent des éloges pour leur parcours épique de 30 ans, du vol de l'argent des contribuables au vol d'élections ensemble", a déclaré le parti sur le réseau social X.
Les deux partis, dirigés par deux grandes dynasties politiques du pays, s'étaient déjà associés en 2022 pour évincer Imran Khan du pouvoir, avec un vote de censure, puis avaient formé une coalition jusqu’à la dissolution de l'Assemblée nationale en août avant les élections.
Le frère de Shehbaz Sharif, Nawaz, déjà Premier ministre à trois reprises, est revenu d'exil au Pakistan pour diriger la campagne électorale, mais n'a pas réussi à obtenir la majorité, malgré les attentes. Les analystes considèrent qu'il bénéficie du soutien clé de l'armée pakistanaise.
Imran Khan, ancienne légende du cricket, est, lui, emprisonné depuis le mois d'août, condamné à de longues peines pour corruption, trahison et mariage illégal. Il dénonce ces accusations comme purement politiques et destinées à l'écarter du pouvoir.
L'homme politique toujours très populaire avait été porté au pouvoir en 2018 par un électorat jeune, lassé de la politique dynastique du PML-N et du PPP, avec apparemment avec la bénédiction des généraux. Mais sa brouille avec l'armée, selon les analystes, a précipité sa chute.
Déclaré inéligible avant les législatives, il a promu un message anti-establishment malgré l'interdiction faite à son parti de faire campagne.
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