« Travailler aux Seychelles, c’est pratiquement un bateau gratuit pour 5 bateaux dans notre flotte » Jacques Chateauvieux
« Morne Seselwa » thonier de la Sapmer qui opérera dans les eaux seychelloises (Jude Morel, Seychelles News Agency)
(Seychelles News Agency) - Cette semaine les Seychelles ont organisé une conférence autour du thème de « l’économie bleue » pour expliquer aux acteurs seychellois les atouts et retombés pour se lancer dans ce secteur de l’industrie.
Les Seychelles sont l’un des principaux ports de thon de l’Océan Indien, tous les ans 200,000 tonnes métriques de thon transbordent au port de Victoria.
La pêche qui est le deuxième pilier de l’économie seychelloise derrière le tourisme, rapporte à l’économie du pays 266 millions d’euros par an, d’après les chiffres fournis par l’Autorité des pêches SFA.
Les Seychelles, qui sont un archipel de l’Océan Indien de 115 îles, sont composées de 99 % de mer.
Les autorités seychelloises souhaitent diversifier les revenus de son économie en encourageant de tels investissements.
Lors de cette rencontre, la SNA a rencontré Jacques de Chateauvieux président de Jaccar Holdings basé au Luxembourg, pour lui demander ses raisons d’investir aux Seychelles.
Jacques de Chateauvieux est un des français les plus riches avec une fortune estimée de 800 millions d'euros selon le magazine Challenges.
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Jacques de Chateauvieux président Jaccar Holdings basé au Luxembourg (Jude Morel, Seychelles News Agency) Photo License: CC-BY |
(SNA) Jacques Chateauvieux, pourquoi Sapmer a décidé d’investir aux Seychelles et de repositionner sa flotte de thoniers à Mahé.
(J.C) Ce choix est guidé par le fait que nous sommes actifs dans la pêche du thon et que jusqu’à présent notre organisation n’était pas efficace puisque nous devions descendre jusqu’à Maurice pour débarquer nos poissons. Nous souhaitons améliorer les conditions d’exploitation de nos navires et il me semble que les Seychelles sont au centre de cette exploitation. C’est la raison pour laquelle augmenter l’efficacité à travers la présence d’un port et de capacité de stockage froid des produits nous paraît essentielle au développement de ce produit.
(SNA) On vous annonçait depuis plusieurs années aux Seychelles, pourquoi ce moment précis ?
(J.C) Il y a quelques années, cela n’avait pas été possible pour nous de nous implanter ici, les conditions ont changé, on a particulièrement été bien accueilli par les autorités des Seychelles, et nous sommes heureux d’avoir pu lancer ce projet qui permettra aux Seychelles de disposer d’un nouveau port de pêche de 425m de quai, et des équipements pouvant accueillir les navires dans les meilleures conditions.
(SNA) Comment voyez-vous les possibilités d’investissements aux Seychelles en matière de réduction des coûts par rapport à d’autres pays de la région?
(J.C) Comme cela a été évoqué lors de cette conférence, un certain nombre de coûts aujourd’hui aux Seychelles sont trop élevés et ne sont pas suffisamment compétitifs, il y a donc un dialogue pour essayer d’apporter des solutions, et je crois que ces solutions non seulement permettrons d’abaisser les coûts pour les industriels, mais pour l’ensemble de la population et ce sont des choses sur lesquelles nous pensons nouer un dialogue avec les autorités des Seychelles.
(SNA) Vous avez un projet à long terme aux Seychelles, car vous construisez un quai de 425 mètres, et Victoria est le nouveau port d’attache de vos navires. Est-ce que vous envisagez de construire une usine ?
(J.C) La phase deux de notre implantation sera la construction d’une usine de transformation aux Seychelles. Cela fait entièrement partie du projet et cela arrivera naturellement juste derrière.
(SNA) Es ce que la compétition est féroce dans le domaine de l’industrie du thon ?
(J.C) Oui! je crois que le thon est un produit mondial, les acheteurs et les distributeurs sont des gens qui peuvent s’approvisionner partout dans le monde donc on est en compétition directe avec l’ensemble des pêcheries dans le monde, et c’est la raison pour laquelle, on doit être compétitif pour que la pêche aux Seychelles garde toute sa place à l’intérieur de cette activité au niveau mondial.
(SNA) Qu’est ce qui manque aux Seychelles pour être vraiment compétitif au niveau mondial. Et pour être la place idéale au monde ?
(J.C) Je crois que pour investir toutes les conditions sont réunies, il faut ensuite voir projet par projet. Je crois qu’aujourd’hui les projets qui sont liés à améliorer l’efficacité sont des projets qui ont une rentabilité immédiate. Pour nous le fait de ne plus descendre à Maurice et de pouvoir travailler aux Seychelles, c’est pratiquement 1 bateau gratuit pour 5 bateaux dans notre flotte, puisque nous perdons à peu près 20% de notre temps, en ne pouvant pas opérer ici. Et c’est à cela, que ce là nous apporte une solution. Je crois qu’il y a toutes les possibilités de faire, et il faut le faire.
(SNA) Récemment l’association Green Peace, avait attaqué Sapmer pour certaines prises. Qu’est-ce que vous pouvez dire aux autorités seychelloises pour les rassurer.
(J.C) Je n’ai pas vu que Sapmer avait été attaqué, je crois que Green Peace s’est beaucoup agité autour des problèmes de thon. Ils ont dû prendre la photo d’un de nos bateaux pour faire leur point. Mais nous n’avons reçu aucune remarque dans notre exploitation qui est à tout point conforme. Et je dirai même en avance par rapport aux règles qui s’avancent dans cette activité.
Cette semaine Jacques Chateauvieux a profité de son passage aux Seychelles pour inaugurer son tout nouveau thonier « Morne Seselwa » qui opérera dans les eaux seychelloises.