Le ministre Adam: « Travaillons avec les autorités égyptiennes pour sauver les 3 seychellois du couloir de la mort».
Le ministre des Affaires étrangères des Seychelles, Jean Paul Adam (Seychelles News Agency )
(Seychelles News Agency) - Le ministre des Affaires étrangères des Seychelles, Jean Paul Adam, a lancé un appel au public et aux médias pour permettre au gouvernement de poursuivre ses efforts diplomatiques pour sauver les trois ressortissants seychellois qui ont été condamnés à mort par les tribunaux égyptiens.
L'appel a été lancé lors de la séance de questions à l’assemblée nationale, pendant laquelle, le ministre Adam a été interrogé sur la situation des trois seychellois reconnus coupables de trafic de drogue et condamnés à mort le 7 Avril, 2013.
Le 22 Avril 2011 la police égyptienne a interpellé les trois hommes à bord d’un bateau localisé près de la ville côtière de la mer Rouge Marsa Alam. Les trois hommes ont été arrêtés en possession de 3 tonnes de cannabis.
Les trois Seychellois, Ronny Norman Jean, Yvon John Ouidah et Dean Dominic Loze, étaient en compagnie du skipper et du propriétaire du bateau. Ce dernier est un ressortissant britannique connu sous le nom de Charles Raymond Ferndale, et qui est actuellement confronté au même sort.
Le 15 Octobre, la Cour de cassation égyptienne a rejeté leur appel et a confirmé la peine de mort. S’en est suivie une pétition largement diffusée qui demande l’arrêt de leurs exécutions.
Soutenir les familles
« Le gouvernement et les familles des trois hommes ont décidé d’un commun accord de poursuivre les efforts diplomatiques pour travailler avec le gouvernement égyptien » a affirmé Adam
«Nous ne pensons pas que le gouvernement égyptien réagirait plus positivement sous la pression constante des médias, mais il pourrait mieux appréhender notre requête si nous effectuons une approche de gouvernement à gouvernement basée sur notre collaboration.» a déclaré le ministre.
Adam a appelé la nation entière à soutenir les familles des trois hommes.
Il a ajouté : « Toute mère ou tout père, aimera toujours son enfant et fera tout ce qui est nécessaire pour le soutenir peu importe ce qu’il a fait. Cela ne signifie pas que nous croyons que le crime doit rester impuni. Je pense que le gouvernement des Seychelles a été clair -. Nous sommes conscients qu'un crime grave a été commis, mais la réalité est que la meilleure manière d’avancer est de collaborer avec le gouvernement égyptien. »
« J’invite chacun à soutenir les familles : en respectant leur choix et leurs droits et en exprimant sa solidarité à leur égard pendant cette période difficile. »
Le ministre des Affaires étrangères a déclaré que le gouvernement faisait de son mieux pour trouver un moyen qui permettrait de réduire la sentence de peine de mort à l’emprisonnement à perpétuité.
Au-delà du soutien moral que le ministère a apporté au trio et à leurs familles, le ministre a déclaré que le gouvernement a reconnu que les hommes avaient commis une infraction pénale grave et qu’ils ont une dette à payer à la société.
Il a déclaré : « Ils ont été arrêtés dans une affaire les impliquant pour trafic de drogue. Nous devons reconnaître qu’une sentence a été décidée et notre priorité est de veiller à ce que cette peine de mort soit réduite à un emprisonnement à vie.»
«Nous devons respecter les institutions égyptiennes, y compris la juridiction qui a rendu la sentence. Nous demandons un réexamen de la sentence dans la mesure où nous n’appliquons pas la peine de mort aux Seychelles mais nous examinons aussi les faits qui leurs sont reprochés ».
Dean Loze, Ronny Jean et Yvon Vinda les 3 Seychellois condanmés a mort. (Seychelles Nation) Photo License: CC-BY-NC |
Unelueur d'espoir
En réponse à Begitta Jeannvole député de Mont Fleuri, (district central de Mahé, l’île principale des Seychelles) Adam a confirmé qu’à sa connaissance aucune peine de mort n’a été révoquée avant en Egypte.
Cependant, les fonctionnaires diplomatiques seychellois ont retrouvé une lueur d'espoir, après que le président égyptien Abdel Fattah El-Sisi a publié récemment un décret qui permettrait aux détenus étrangers en Egypte d’être rapatriés dans leur pays d'origine pour y purger leur peine.
«Nous avons immédiatement contacté le gouvernement égyptien et suivi la requête que nous avions fait auparavant demandant le transfert des trois Seychellois pour leur permettre de purger leur peine ici.» Il a ajouté que même s’il était encore difficile de savoir si le processus pourrait s’appliquer aux prisonniers en attente d'exécution, les discussions avec le gouvernement égyptien sont toujours en cours.
Le ministre a indiqué à l'ambassadeur égyptien récemment nommé aux Seychelles que la volonté du gouvernement égyptien à bien vouloir discuter de cette question résonne comme un signal positif à l’égard des efforts diplomatiques seychellois pour commuer la peine de leurs ressortissants. Mais en tant qu’Etat souverain, le gouvernement égyptien doit encore faire respecter la primauté du droit.
Il a expliqué : «Ils ne peuvent pas affirmé qu'ils n’appliqueront pas la peine de mort aux trois Seychellois alors qu'il y a près de 300 Egyptiens qui ont probablement commis les mêmes crimes et sont passibles de la peine de mort. » C’est une réalité à laquelle nous devons faire face… Ils ne peuvent pas enfreindre leurs propres lois en notre faveur, et c’est une des raisons pour laquelle notre stratégie a toujours été de collaborer avec les autorités et les institutions égyptiennes. »
Les prisonnierssont détenus dans des conditions acceptables.
Le représentant de l'Assemblée nationale du district d'Anse Boileau (côté ouest de Mahé), Bernard Arnephy, a interrogé le gouvernement sur les conditions de détention des trois hommes. Le ministre a répondu que l’état physique et mental des trois hommes était aussi bien qu'on pouvait l’espérer dans de telles circonstances.
Les familles se sont rendues en Egypte pour rendre visite à leurs proches le 4 Novembre.
L’ambassadeur Barry Faure a porté une lettre au président El-Sisi de la part du Président des Seychelles, James Michel, demandant une fois de plus une sentence plus clémente pour les trois hommes.
Adam a noté que les trois hommes avaient été transférés à la prison de Wadi Natroun, qui est à 50km environ de la capitale égyptienne du Caire.
Adam a déclaré : « En ce qui concerne leurs conditions de détention dans la prison basée sur la récente visite, nous présumons que leurs droits fondamentaux sont respectés bien que certaines conditions spécifiques soient très difficiles. »
Le Gouvernement n’est pas responsable de la représentation juridique.
Adam a également répondu à des questions sur la représentation légale du trio en précisant que le gouvernement n’avait pas les ressources nécessaires pour fournir des conseils juridiques aux Seychellois accusés de crimes dans des pays étrangers.
Adam a expliqué que : «le gouvernement seychellois n’a pas les moyens de payer une représentation juridique si quelqu'un est arrêté à l'étranger - si nous devions le faire, le gouvernement seychellois devrait alors payer les honoraires d’un avocat étranger pour tout seychellois arrêté demain dans un pays étranger. Ce qui représenterait des sommes conséquentes. A l'époque, les familles ont été approchées et elles ont été mises en relation avec des avocats potentiels mais les honoraires étaient trop élevés... C’est pourquoi ils ont dû être représentés par le même avocat que le ressortissant britannique, Charles Ferndale.»
Il a ajouté que les trois hommes ont été désavantagés dans l’affaire car ils ne pouvaient pas dire qu'ils ne partageaient pas la même responsabilité que le capitaine car l'affaire a été entendue comme une seule. Mais il a déclaré que le représentant légal était « reconnu par le système juridique égyptien comme étant un bon avocat. »
De conserve avec leurs familles le trio a accepté la nomination d'un autre avocat pour leurs demandes en appel. Maintenant que tous les recours juridiques ont été épuisés, Adam a déclaré que les trois hommes, leurs familles et le gouvernement seychellois travaillent encore avec « l’éminent » avocat égyptien Maître Bâle Mohsem. Ce dernier justifie d’une expérience dans de précédentes affaires où la peine de mort a été décidée. Il usera de toutes les stratégies possibles pour essayer de réduire leur peine de mort à l'emprisonnement à perpétuité.