Rendre l’Atoll d’Aldabra, aux Seychelles, libre de tout oiseau envahisseur
Un fody de Madagascar photographié sur seconde île la plus peuplée des Seychelles Praslin. (Marion Schneider & Christoph Aistleitner / Wikicommons)
(Seychelles News Agency) - L’atoll d’Aldabra - le plus éloigné des 115 îles des Seychelles, se trouve vers l’ouest de l’Océan Indien.
Un endroit sauvage, intact, protégé par des développements et interventions des humains.
Une colonie de 150 000 tortues géantes de l’Atoll se promène librement sur l’un des derniers sanctuaires de la planète. Tandis que les requins, les raies et une grande variété des poissons de toutes les couleurs nagent tranquillement dans l’eau claire et turquoise du lagon, dans le centre de l’atoll de l’Océan Indien.
Un petit groupe de scientifique et des gardes forestiers erre aussi librement sur l’atoll rassemblent des données pour leurs recherches.
Cependant, dans la région, sud-est connue sous le nom de Takamaka, une guerre fait rage entre les écologistes et les envahisseurs. Une guerre qui aurait duré moins longtemps si cela n’avait pas été la ténacité d’un petit oiseau rebelle, surnommé « Rasputin » par les gardes forestiers, qui ont essayé pendant des mois de l’exterminer.
Rasputin est un foudi de Madagascar. C’est un petit oiseau d’environ 12 centimètres de longueur. Le mâle est d’un rouge vif et chaque œil est entouré de noire, tandis que la femelle est moins accrocheuse avec des ailes et une queue brun-olive.
Originaire de Madagascar, où ils sont vus comme nuisibles aux rizicultures, ces oiseaux sont très envahissants étant donné qu’ils sont capables de voler de longues distances. Ils sont très intelligents et agressifs comme le ‘martin triste’.
Les foudis ont déjà envahi la plupart des îles habitées des Seychelles ainsi que les autres îles de l’Océan Indien qui se trouvent dans la région notamment à l’Île Maurice et à l’Île de la Réunion.
La Seychelles Islands Foundation (SIF) qui gère Aldabra, site du patrimoine de l’UNESCO, a récemment annoncé dans la dernière édition de leur bulletin mensuel que leur effort visant à éradiquer les foudis sur Aldabra était arrivé à sa fin, mais qu’il reste seulement quelques oiseaux à éliminer.
La femelle est moins accrocheuse avec des ailes et une queue brun-olive (Drew Avery/Flickr) Photo license: CC-BY 2.0 |
Parmi le petit nombre d’oiseaux qui échappent encore aux gardes forestiers, Rasputin a réussi à survivre à plusieurs tentatives de l’éliminer. Avec une telle résistance, l’équipe a été menée à le surnommer d’après le célèbre mythe russe Grigori Rasputin qui a plusieurs fois survécu à des tentatives d’assassinat au début du 20eme siècle.
Néanmoins, l’équipe qui travaille sur l’éradication de cette espèce emploie maintenant d’autres méthodes, qui leur permettra d’attraper les derniers de ces envahisseurs. Une de ces méthodes est l’utilisation des ‘filets japonais’ dans lesquels des filets très fins sont installés entre les arbres pour piéger ces oiseaux.
Un mal pour un bien
Dans un entretien par email avec la SNA, le Dr Nancy Bunbury qui est la coordinatrice du programme d sciences et des projets au SIF, a déclaré que ce n’est pas plaisant d’avoir à abattre n’importe quelle espèce, mais l’équipe de professionnelle du SIF doit faire ce travail, car « ils savent que c’est la bonne stratégie pour protéger la biodiversité endémique d’Aldabra ».
Selon Bunbury, la raison la plus pressante pour éradiquer les foudis est de protéger les oiseaux endémiques qui se trouvent sur Aldabra.
« Aldabra abrite le foudi d’Aldabra endémique, qui ne se trouve pas dans d’autres endroits dans le monde, » a-t-elle expliqué.
«Quand une espèce de la même famille est introduite dans la même habitation d’une espèce endémique, cette espèce endémique pourrait faire face à la concurrence, car les espèces introduites ont tendance à être de meilleures concurrentes et prendre le dessus en introduisant de nouvelles maladies et par l’hybridation érode le code génétique unique d’une espèce endémique ».
Bunbury a ajouté qu’ils ont constaté que dans les autres îles les foudis à Madagascar se sont déjà reproduits avec les foudis endémiques, ce qui fait que le risque de croisement entre les Foudis de Madagascar et les Foudis d’Aldabra, est fort probable.
« Il y a un risque important de perdre éventuellement cette espèce endémique si aucune action n’est prise » a affirmé Bunbury
La SIF a récemment déclaré une opération réussite de l’éradication de plus de 5 000 ‘bulbuls Orphée’ envahissantes dans l’île voisine d’Assomption. Cela fait suite à un programme d’éradication qui a duré trois ans et qui a été soutenu financièrement par l’Union Européenne.
Protéger Aldabra
Il existe d’innombrables raisons, pourquoi Aldabra est si spécial. Son isolement et le fait qu’il n’est pas habité en permanence signifie que l’Atoll se vente d’une faune et une flore uniques.
Selon le Dr Bunbury, jusqu’à ce que la population de Foudis de Madagascar ait été découverte, Aldabra était la plus grande île tropicale au monde qui n’avait pas d’espèces d’oiseaux introduites.
« Parce que les oiseaux introduits, par exemple à Mahé, les mainates, les foudis de Madagascar, les colombes à queue noire, les perruches à Collier et les Astrild Ondulé sont communs et se trouvent partout, la plupart des gens ne connaissent plus qu’est-ce qu'un écosystème sans ces espèces, » a déclaré Bundury.
« Sur Aldabra, nous avons une vraie chance de maintenir ce statut précieux et d’empêcher que ces oiseaux rentrent. La SIF estime que nous avons une obligation envers le monde d’assurer qu’Aldabra maintient son intégrité écologique unique, » a-t-elle ajouté.
Pour le moment, l’équipe d’éradication de la SIF sur Aldabra va intensifier leurs efforts afin d’abattre rapidement le Rasputin et les derniers de la bande des envahisseurs.
Au cours des prochaines semaines, l’équipe va surveiller le Rasputin pour déterminer les positions clés et en finir une fois pour toute avec l’envahisseur dans l’espoir que l’atoll regagnera encore une fois son titre ‘libre de tout oiseau introduit’.
Dr Bunbury pense que l’opération sera une réussite malgré les défis.