Kenya: nouvelles manifestations, gaz lacrymogène contre des élus d'opposition
Un homme prend un selfie devant un bus incendié alors que la coalition Azimio la Umoja du leader de l'opposition kenyane Raila Odinga appelle à de nouvelles manifestations à Nairobi le 2 mai 2023. (Photo Yasuyoshi CHIBA / AFP)
(AFP) - La police kényane a dispersé mardi avec du gaz lacrymogène une délégation d'élus d'opposition qui souhaitait se rendre au bureau du président dans la capitale Nairobi, lors d'une journée de protestation anti-gouvernementale sans incident majeur.
Des élus de la coalition d'opposition Azimio souhaitaient déposer une pétition sur le coût "inacceptablement élevé" des produits alimentaires, du carburant et de l'électricité.
Après s'être vus refuser l'accès au bâtiment présidentiel, ils ont été dispersés à l'aide de grenades lacrymogène, selon une vidéo tournée par un média local.
Après une pause d'un mois, l'opposant historique Raila Odinga a appelé à une reprise mardi des "maandamano" (manifestations) contre le président William Ruto, qu'il accuse d'avoir "volé" la présidentielle d'août 2022 et d'être incapable de juguler l'actuelle flambée des prix.
Une précédente série de manifestations, fin mars, avaient donné lieu à des affrontements, pillages et actes de vandalisme. Trois personnes, dont un policier, avaient été tués lors de ces rassemblements interdits par les autorités.
La matinée de mardi était globalement calme dans le pays, avec quelques heurts et incidents isolés.
Dans certains bidonvilles de la périphérie de Nairobi, des échauffourées ont opposé police et jeunes qui barraient des rues avec des pneus enflammés.
Un bus vide et un camion de transport de marchandises ont également été incendiés dans le sud de la capitale.
A Kisumu, bastion d'Odinga dans l'ouest du pays, des routes ont été barrées avec des pneus en feu et des rochers.
Dimanche, le commandant de la police régionale de Nairobi, Adamson Bungei, avait annoncé l'interdiction de ces manifestations, les précédentes ayant été "émaillées de violence".
Ces journées d'action avaient été suspendues afin de permettre des discussions entre les deux camps, mais le processus s'est enlisé, achoppant notamment sur la composition des différentes délégations.
Malgré le rejet de son recours par la Cour suprême, Raila Odinga, qui concourait pour la cinquième fois à la magistrature suprême, conteste toujours les résultats de la présidentielle de l'an dernier, l'une des plus serrées de l'histoire du pays.
Elu en se faisant le hérault des "débrouillards" du petit peuple, William Ruto fait depuis face aux critiques, notamment après avoir supprimé des subventions coûteuses sur les carburants et la farine de maïs, dont les prix ont augmenté dans la foulée.
Locomotive économique de l'Afrique de l'est, le Kenya fait face à une inflation galopante, qui a atteint 9,2% sur un an en février. Les seuls prix des produits alimentaires ont augmenté de 13,3%.
Le pays combat également une dépréciation du shilling kényan et une sécheresse inédite dans certaines parties du pays.
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